Historique
La formation du psychanalyste a toujours été une préoccupation importante sujette à de nombreux questionnements déontologiques. Freud lui-même s’est formé en pratiquant une auto-analyse : son premier ouvrage publié « l’analyse des rêves » est le récit de cette introspection . A partir de ses rêves, il a pratiqué des libres associations de souvenirs qu’il a analysés.
Ses amitiés fortes, notamment la première, avec son ami médecin Wilhem Fliess, de même celle qu’il eut avec C.G.Jung avant leur rupture, ainsi que la relation instaurée avec S.Ferenczi, et d’autres, se sont révélées être, pour lui, des miroirs transférentiels à partir desquels il a pu se former aussi, apprendre à mieux se connaître. Ces relations étaient empreintes d’un relationnel parfois complexe, de disciple à maître, disciples d’abord dans un rapport d’admiration et de soumission, puis d’émancipation.
Freud a formé les futurs psychanalystes qui furent ses disciples, en les analysant. Ensuite, la préparation au métier de psychanalyste s’est maintenue sous cette forme de transmission d’expérience. Le savoir analytique ne s’apprend pas dans les livres, il doit être expérimenté dans une cure.
Freud a beaucoup œuvré pour conserver à la profession de psychanalyste son indépendance et sa spécificité par rapport aux autres sciences humaines.
Définition
L’analyse didactique est le terme employé pour définir le parcours analytique du futur psychanalyste. « il s’agit essentiellement d’une analyse destinée à éclairer le sujet sur lui-même, sur ses réactions inconscientes, et , surtout, à lui faire comprendre, en les vivant, les difficultés et les ressorts de la psychanalyse, en particulier les résistances à la cure et le transfert. »(*)
Le futur analyste doit avoir vécu lui-même les secousses de l’analyse. Il doit s’être compris le mieux possible, afin de pouvoir comprendre l’autre, et projeter un minimum d’affects dans les prochaines relations contre-transférentielles qu’il aura à gérer.
L’analyse personnelle est la base de toute formation à la profession de psychanalyste.
Il s’agit d’une analyse effectuée dans le cadre didactique d’une préparation au métier de psychanalyste.
Freud, dans une conférence datant de 1912 :
« Non seulement l’analyse didactique permet au futur analyste d’apprendre à connaître bien plus rapidement et avec une moindre dépense en affect, tout ce qui est caché en lui, mais encore il acquiert des impressions et des convictions qu’aucun ouvrage, aucune conférence n’eussent été capables de lui donner. »
Le passage par les étapes déstructurantes de son propre cheminement analytique, puis l’étape de construction qui suit l’analyse, rendent la transmission possible.
On forme un inconscient analytique : c’est l’instrument du psychanalyste qui doit être travaillé. Par l’écoute, les questionnements personnels, les prises de conscience, le regard introspectif, le travail sur les peurs et les désirs.
La prise de risque de la relation analytique a un rôle pédagogique et prépare l’exercice professionnel.
On ne pourrait accompagner un analysant dans sa propre exploration psychique faite d’avancées, de résistances, de régressions si l’on n’avait pas soi-même vécu et surmonté les mêmes difficultés.
« L’analyse didactique constitue une phase indispensable et décisive dans la formation du candidat, car un psychanalyste ne peut espérer comprendre ses patients que s’il s’est compris lui-même. »(**)
La formation à la psychanalyse active correspond aux exigences préconisées par les fondateurs de la psychanalyse. Elle est en effet avant tout une expérience personnelle de l’analyse, transmise par un analyste expérimenté, et ensuite approfondie par les aspects théorique puis clinique.
Bibliographie :
(*)(**)Norbert SILLAMY : Dictionnaire usuel de psychologie, éditions Bordas
Laplanche et Pontalis : dictionnaire de la psychanalyse.
Freud : la technique psychanalytique PUF